Alors que nous arrivons au bout des #48hDeSilenceGN et des photos de profil rouge sang initiées par le collectif Guinéenne du 21ème siècle et que la dépouille mortelle de M’mah Sylla va retrouver le sol guinéen, je veux dire ici combien le cas de M’mah Sylla est exceptionnel.
Il est atypique parce que c’est le système hospitalier qui s’est retourné contre elle, alors même qu’elle cherchait refuge en lui.
Le cas de M’mah Sylla est bouleversant en ce sens qu’elle a dû inéquitablement combattre – c’est-à-dire en plus de son genre féminin en sa défaveur – la précarité pour avoir accès à des soins.
Il y a des M’mah Sylla parce qu’on n’apprend pas aux garçons à contrôler leurs pulsions sexuelles au travers de l’éducation sexuelle comme la société le fait si brutalement, si hardiment avec les femmes, allant jusqu’à leur couper le clitoris pour les empêcher de jouir.
M’mah Sylla est le syndrome d’une société baignant dans la culture du viol et dans laquelle le consentement n’a que peu de poids, sinon aucun.
M’mah Sylla est morte parce que les différents Ministres de la santé ont échoué à réguler un secteur capital pour notre survie : celui de la santé.

M’mah Sylla n’est hélas que la partie visible d’un iceberg : celui du patriarcat.

Il y aura des M’mah Sylla tant que ceux et celles qui portent la voix des droits de la femme seront hysterisés, diabolisés harcelés et poussés vers le silence.
Que les coupables de la mort de M’mah Sylla, ceux qui l’ont violée puis charcutée, soient punis et croupissent en prison sont d’un piètre réconfort.

Cela ne resoudra pas le problème des futures M’mah Sylla. 

Ainsi, je demande au CNRD, à la Presidence de la République, au Premier Ministre Mohamed Beavogui d’engager urgemment et courageusement un grenelle sur les violences basées sur le genre auquel les associations féministes pourront participer, faire des propositions et qui aboutiront à des actions ambitieuses, décisives, irréversersibles.

Je demande au futur Conseil National de la Transition (politique) de réserver une part considérable de leurs futurs travaux à une transition de la société guinéenne vers également, une société plus respectueuse de nos droits. 

Je demande à la Miss Saran Bah censée représenter la Guinée au Porto Rico, de porter la voix des M’mah Sylla lors de l’élection Miss Monde à laquelle elle participe. 

Pour que M’mah Sylla ne retombe dans la banalité du fait divers, je demande à Diènè Keïta du haut de son poste aux Nations Unies, de nous aider à faire naître chez nos autorités, une volonté politique de lutte contre le viol.

Je demande au Dr Morissanda Kouyaté, allié historique des féministes Guinéennes et actuel Ministre Guinéen des Affaires étrangères de jouer le rôle de facilitateur pour cette requête.

Je demande à Naby Keïta, footballeur international d’utiliser son aura dans le monde du sport pour faire connaître l’histoire de M’mah Sylla et ce que nous attendons des autorités.

Je demande aux artistes Black M, MHD, d’origine guinéenne, d’utiliser leur musique pour conscientiser les jeunes Guinéens sur l’égalité des genres, pour rendre ces sujets digestes pour eux.

Parce que la guerre est aussi sur le terrain de l’information, je demande à Lamine Guirassy, à Kalil Oularé, à Antonio Souaré et à d’autres, à travers leurs Groupes de presse, d’offrir un espace de vulgarisation de la lutte pour les droits des femmes et de l’engagement féministe décomplexé, loin des plateaux éternels de femme sur la cuisine ou le mariage.

Je demande à Aissata Beavogui, ancienne DG de GAC, d’initier une collecte de fonds du secteur privé, au nom de leur politique RSE et de redistribution, pour la création d’une structure hospitalière digne, qui portera le nom de M’mah Sylla, en sa mémoire. Le secteur privé guinéen, composé de grandes entreprises minières, en a les moyens.

Je demande à Ibrahima Sorel Keita, d’utiliser son réseau diplomatique pour faire entendre l’urgence d’agir en Guinée en faveur des filles et des femmes.

Je demande au Cardinal Robert Sarah, par sa voix et son influence d’amplifier le message du respect des droits des femmes en Guinée.

La liste peut être infinie et vous pouvez la compléter. Nous pouvons chacun, agir pour que la mort de M’mah Sylla serve de rupture en matière de VBG et de droit à la santé dans notre pays.

Le travail qui nous attend est immense.

Je demande à chaque Guinéen, où qu’il soit, de prendre position et de s’engager sur l’avancée de ces questions dans notre pays.

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